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Un retable volé

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Vers 1980, le curé de Joinville (52) avait fait restaurer
un retable en bois sculpté et doré d'origine flamande, et l'avait placé dans son
église. Articles et photos l'avaient fait connaître. Quelques mois plus tard, il était
volé. On ne l'a jamais revu. En voici des photos et un commentaire. Si vous le
reconnaissez pour l'avoir vu ailleurs, prévenez nous.
Ce retable est intéressant parce qu'il s'inspire directement
des représentations théâtrales de la Passion qui se sont multipliées à la fin du XVe
et au début du XVIe siècle. Il résume en 5 scènes ce qui se jouait en plusieurs jours,
et que l'on trouve presque identique dans d'autres retables de la même école ( je ne
vous dirai pas où, pour éviter d'autres vols...)
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Le premier panneau est typique de la mise en
scène: le palais de Pilate se résume à une grande chaise , où le gouverneur romain est
habillé comme un seigneur du Moyen-age, à côté de lui, un serviteur verse
ostensiblement de l'eau , la réplique est " je m'en lave les mains!" Derrière
ce serviteur, la femme de Pilate qui intervient pour tenter de sauver Jésus, sous la
pression du diable, qui lui souffle son rôle . A droite, Jésus couronné d'épines est
tenu par un garde. Il y a un petit chien aux pieds de Pilate. |
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Second tableau, le portement de croix
Jésus
porte une croix en forme de T, Simon de Cyrène en tient l'extrémité pendant que des
soldats frappent à coup de gourdin ou tirent la barbe de Jésus qui ploie et s'apprête
à tomber. Au fond en haut à droite, on aperçoit les femmes de Jérusalem. |
Le tableau central représente la mort de Jésus en croix
entouré des deux larrons, avec les grands prêtres qui se moquent, les bourreaux qui se
battent pour tirer au sort la tunique, et deux scènes typiques du théâtre , interdites
par la suite.
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Tandis que Marie Madeleine, cheveux défaits,
prie à genoux au pied de la croix au fond de la scène, au premier plan Marie s'évanouit
soutenue par Jean et une sainte femme. Cette scène fut interdite car non conforme à
l'Évangile, où il est dit que Marie se tenait debout au pied de la croix. Pourtant
l'effet théâtral devait être efficace... |
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Une scène étrange se déroule à gauche de la
croix, des morceaux manquent. Mais les textes permettent de reconstituer. Les deux soldats
envoyés par Pilate pour vérifier la mort de Jésus n'osent pas s'en charger. Alors ils
prennent un aveugle dont ils guident le coup de lance. Du sang coule sur la lance, et
l'aveugle s'en touche les yeux: il est guérit à l'émerveillement du second cavalier.
Épisode miraculeux théâtral, mais non biblique! |
Vient ensuite la mise au
tombeau, tableau
vivant qui a inspiré de nombreuses réalisations souvent presque grandeur nature .
Nicodème et Joseph d'Arimatie posent le corps de Jésus sur un linceul. Marie, soutenue
par Jean, tient le bras de son fils dans un dernier geste d'adieu. Marie Madeleine et les
saintes femmes les entourent, portant le vase contenant du parfum. |
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Le 5e panneau est la Résurrection , scène à
grand spectacle. Les gardes , en costume XVIe siècle, sont endormis dans des poses
conventionnelles. Jésus surgit du tombeau par un système de trappes et d'élévateur,
nu, drapé dans son linceul, il montre ses plaies. |
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